12 août 2010

Le social-business, avenir du capitalisme?

Muhammad Yunus est de ces visionnaires pour qui rien n'est impossible pour rendre le monde plus juste. Initiateur du concept de "microcrédit", il a récemment reçu le prix Nobel de la paix (avec son organisation, la Grameen bank). Dans son livre "vers un nouveau capitalisme", il nous propose une alternative (crédible) au système existant.

Sa thèse? Le capitalisme ne prendrait en compte q'une dimension de l'être humain, dont l'unique but serait la maximisation du profit. Lui pense au contraire que l'homme est multidimensionnel et que d'autres motivations plus sociales l'habitent.

Le "social-business" permettrait ainsi de répondre à ces attentes, en permettant l'entrepreneuriat social, dont le but premier serait la maximisation du "bien social" (et non pas la maximisation du profit). Deux formes de sociétés caractériseraient les "social-business" :

- soit les actionnaires qui investissent dans ces entreprises n'en retirent aucune plus-value financière, puisque les bénéfices sont entièrement réinvesti dans l'entreprise (ils peuvent néanmoins récupérer leur mise de départ au bout d'un certain temps)

- soit les entreprises sont détenues par leurs bénéficiaires (exemple : les usagers d'un pont qui payent pour l'utiliser), qui profitent ainsi de la bonne santé financière de l'entreprise

Dans tous les cas, un social-business doit se concentrer sur les bénéfices sociaux qu'il crée. Sa non-redevance de plus-value financière (envers les actionnaires) doit lui permettre de proposer des biens ou services à des prix les plus faibles possibles pour les utilisateurs (et bénéficiaires) finaux que sont les pauvres.

Ainsi, le social business permet d'établir un modèle de gouvernance adapté à une population démunie et dépourvue d'infrastructures publiques.
Les avantages d'un tel système sont multiples :

- il permet de lutter contre la pauvreté en encourageant l'entrepreneuriat, et non pas l'assistanat

- les philanthropes (contrairement aux ONG), peuvent récupérer leur investissement de départ, et le réinvestir dans un nouveau social-business. C'est un cercle vertueux infini !

- il motiverait les employés, qui seraient rémunérés au même niveau que leurs homologues du système actuel, mais qui pourraient également se gratifier de leur impact positif contre la pauvreté dans le monde

Le concept qu'il propose va très loin, puisqu'il souhaite à l'avenir la création d'une "bourse du social-business", de cabinets d'audits et d'agences de notation spécifiques.


Muhammad Yunus a déjà mis en pratique ce concept, au travers de plusieurs joint-ventures :

- Grameen-Danone : créée en 2006, l'entreprise détenue à 50% par la Grameen et à 50% par Danone, propose des Yaourts enrichis pour lutter contre la malnutrition infantile, à des prix défiants toute concurrence.

- Grameen-Veolia : l'objectif est d'apporter de l'eau potable à 100 000 bangladais d'ici à fin 2012. Selon les préceptes du social business « pas de pertes, pas de dividendes », cet investissement sera remboursé par les factures d'eau réglées par les habitants, ce qui permettra ensuite de lancer des projets analogues ailleurs.

- Grameen-Uniqlo : l'accord entre les 2 entreprise a été signé très récemment (Juin 2010), permettant à la co-entreprise de fournir les femmes pauvres du bengladesh en vêtements très bon marché. Les sites de production seront également au Bengladesh.



Je pense que le social-business a un réel potentiel devant lui. Cependant, la frontière doit être parfaitement prononcée, entre les entreprises dont l'unique but est de maximiser le profit et les social-business . L'exemple de Telenor (entreprise Norvégienne détenant 50% des parts de Grameen phone et refusant de les céder, comme le prévoyait l'accord initial) montre que l'étique peut très rapidement s'effacer face aux exigences de rentabilité.
Par ces actions, Muhammad Yunus apporte la preuve que le système capitaliste peut être complété (puis remplacé?) par un système viable, et dont l'impact est positif sur son environnement !

3 commentaires:

  1. As-tu des exemples d'entreprises appartenant à leurs bénéficiaires ?

    RépondreSupprimer
  2. Oui : Grameen Bank, par exemple, est détenue par les pauvres qui bénéficient des prêts.

    RépondreSupprimer
  3. Google divide your blog in option if you are chooseing option 1,2..etc see more....
    option.1
    option.2
    option.3
    option.3
    option.4

    RépondreSupprimer

Articles liés

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...